Stumdi, la censure et le grand remplacement

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L’action courageuse des salariés de STUMDI  que nous avons évoquée ici a eu pour avantage de mettre en lumière la censure qui règne en Bretagne : alors même que tous les médias ont été informés, seul le site de L’Hermine rouge a relayé le communiqué de presse adressé par l’UD CGT-FO 29 que nous avons résumé ici (ne mentionnons que pour mémoire la ridicule charge des nationalistes d’extrême droite de Breizh Info ricanant de voir le « mouvement breton de gauche » se comporter en « vrai patron de droite » : n’en doutons pas, le « mouvement breton d’extrême droite »  se comporterait en « vrai patron d’extrême droite » s’il était au pouvoir). 

Leur action vient à nouveau d’être récompensée puisque, après la condamnation de STUMDI pour licenciement abusif, un nouveau jugement donnant raison au salarié qui avait le premier osé protester a condamné l’employeur pour « exécution déloyale » du contrat de travail. Deux autres dossiers, plus lourds, sont en attente. 

Cette action a eu aussi le mérite d’attirer l’attention sur la publicité dont STUMDI bénéficie dans les médias bretons et la prolifération d’organismes militants prêts à tout instant à se mobiliser, notamment à partir de ces points d’ancrage du nationalisme que sont les Ti ar Vro fonctionnant sur fonds publics. Ce n’était pas une révélation mais enfin, face à la censure, la force de la pieuvre identitaire est apparue plus redoutable. 

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Enfin, les salariés en lutte pour le simple respect de leurs droits et qui ne voyaient pas dans la langue bretonne une arme politique se sont trouvés face à des militants qui les ont considérés comme les instruments du « pouvoir jacobin ». 

Désavoué par l’inspection du travail qui avait jugé abusif le licenciement de Sabrina Guilloux, au lieu de reconnaître ses torts, le président de STUMDI  a démissionné, se présentant comme une victime, attaquée, dénigrée par des acharnés de la procédure judiciaire dont il serait la « cible ». Plus de président, plus de cible. Mais où l’information a-t-elle été relayée ? 

Consultant la liste des salariés de cet organisme subventionné, j’ai été frappée par le nombre de militants issus de la mouvance indépendantiste. 

Lors du procès que m’avait intenté Per Denez, procès que je résume dans Le Monde comme si, j’avais été surprise de voir des militants nationalistes attester massivement contre moi en faveur de Denez, l’éminence grise du mouvement séparatiste. En tête, Annaig Renault (alias Annaig Roy) qui dirigeait l’Institut culturel de Bretagne présidé par Per Denez. Cette militante qui s’était présentée aux élections pour SAV (le Strollad ar Vro de Fouéré) avait œuvré avec constance pour la réhabilitation de collaborateurs des nazis comme, notamment, l’abbé Le Floc’h dit Maodez Glanndour, à qui elle a consacré sa thèse (intitulée, en passant sous silence son antisémitisme, son nationalisme et son catholicisme intégriste, Le Chemin d’humanité de Maodez Glanndour).  Fanch Roy, son fils, et petit-fils de Per Roy, autre militant nationaliste, figure au nombre des formateurs de STUMDI. 

Fils de Gwennole Le Menn, militant nationaliste spécialisé dans l’érudition bretonne, et petit-fils d’Hervé Le Menn, l’inventeur du bagad où devaient s’illustrer Le Voyer et Monjarret, Brieg ar Menn est issu du même sérail. 

Paskal ar Marc’heg est un autre militant nationaliste (collaborateur de Bremañ, la revue de Lena Louarn, où il s’est notamment signalé par un article à la gloire de Raymond Delaporte, le président du Parti national breton (PNB) sous l’Occupation). 

Josselin Liotard, militant indépendantiste d’extrême gauche (Breizhistance) a collaboré, sans craindre la contradiction, sous la direction d’Yvon Ollivier (président de l’association Koun Breizh, fondée par le druide antisémite Rafig Tullou) et avec Malo Bouëssel du Bourg, directeur général de Produit en Bretagne, au Livre blanc de l’unité bretonne paru chez l’éditeur nationaliste Yoran embanner. 

Mélanie Boulic, organisatrice de Gouel broadel a brezhoneg (la Fête nationale du breton) est entrée au Conseil culturel de Bretagne pour la Redadeg de Diwan… 

Quant à Gwenegan Le Caër (alias Gwenegan ar C’haer), sa page Facebook en dit plus long que de longs discours :

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Traduction : « MERDE à la FRANCE ». 

La défense du breton est mise au service d’enjeux idéologiques qui en font un combat auquel les Bretons sont, dans leur immense majorité, totalement étrangers. 

Or, au moment où je m’interrogeais sur ces enjeux, et au moment où, voyant le nom de Dewi Sibéril, je me demandais par quels biais étranges, alors même que rien ne les y destinait, des descendants de membres du Bezen Perrot se trouvaient s’engager dans un combat pour la Bretagne, y compris à l’extrême gauche, et avec cette même haine de la France, un lecteur m’a signalé une chronique que venait tout juste de publier ce même Dewi Sibéril à l’occasion du 14 juillet : 

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Dewi Sibéril (alias Dewi Bwb car il participe à Breizhoweb, une chaîne de télévision en breton) annonçait donc qu’ici (: en Bretagne) « ce n’est pas la France». Breizhoweb est pourtant conventionnée par l’Arcom…

Cette étrange célébration du 14 juillet suscitait aussitôt l’approbation d’Yvon Ollivier (procureur de la République adjoint, qui semble donc considèrer le ministère de la Justice comme illégitime en Bretagne), de Gérard Péresse (militant nationaliste, membre du conseil d’administration de Diwan), de Charlie Grall (ancien terroriste, fondateur du journal nationaliste Breizh Info) et d’Olier ar Mogn (professeur de breton, ex-directeur de l’Office de la langue bretonne, décoré du collier de l’Hermine par l’Institut culturel de Bretagne). Ce dernier ajoute (en breton) : « Ici ce n’est pas la France et nous ne sommes pas français.» Suit un éloge des nationalistes flamands qui ont su défendre leur langue contre le français. Conclusion : « Nous autres, Bretons, nous sommes restés le bec dans l’eau ». 

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Ce à quoi un autre militant breton, Tangi Manac’h, répond : « Je vous le dis et le redis, ça ne durera pas toujours ». 

Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s’agit là d’une phrase d’une vieille chanson d’Alan Stivell (« Ne bado ket atao »), chanson de haine contre la France dont les paroles méritent d’être rappelées au moment où Stivell vient d’être la vedette d’un colloque international organisé par le Festival interceltique de Lorient pour soutenir son combat ethnique en faveur de la celtitude. Dans cette chanson, le barde met en scène d’infortunés Bretons de Crozon et de Landivisiau contraints de « s’enfuir vers la France» face à l’invasion de riches soldats français qui jusqu’alors combattaient en Afrique (comprenez : les « pieds noirs » chassés d’Algérie). Cette chanson se signale, comme tant d’autres chansons de Stivell, par des paroles d’une niaiserie confondante  : les Bretons, qui sont de Landivisiau parce qu’il faut bien une rime à « bro » (la nation), sont présentés comme « nos frères qui riaient hier » car le Breton passait jadis sa vie à rire, c’est connu, et, s’il lui fallait s’enfuir à l’étranger, c’est-à-dire en France, laissait derrière lui sa maison ouverte à tous les vents, ce qu’il continue de faire, fidèle à la tradition, en sorte que les richards n’ont qu’à l’occuper pour goûter « la douceur de la vie à la campagne »  (le paysan breton n’ayant rien d’autre à faire que de jouir du charme de la vie à la campagne qui le fait rire du matin au soir). Mais, attention, ces bons Bretons chassés en France sauront se venger : cette fuite devant l’occupant, « je vous le dis et le redis, ne durera pas toujours ». 

Lena Louarn, ex-vice présidente du conseil régional, présidente de l’Office de la langue bretonne, elle aussi décorée du Collier de l’hermine, met son émoji « j’aime » à ces fortes déclarations. Elle est imitée par Hoel Louarn et Olier ar Mogn…

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Le 19 août, ce même Olier ar Mogn se lance dans une nouvelle  diatribe que l’on dirait tout droit issue de la chanson de Stivell  : le désastre menace car l’identité bretonne est mise en danger par le grave « changement de population » en cours en Bretagne. Si Zemmour dénonce « le grand remplacement » par les noirs et les arabes, Olier ar Mogn, lui, dénonce le « grand remplacement »… par les Français : « Un flux de Français » menace Rennes et Nantes. « Breton, reste maître sur  ta terre », déclare-t-il. 

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Remercions les salariés de STUMDI de nous avoir (sans même le savoir) permis de faire ce petit parcours édifiant : il met en lumière les enjeux cachés de l’enseignement du breton.  

F. M

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