Le gwenn-ha-du

Présenté comme « le drapeau de la Bretagne », le « gwenn-ha-du » (« noir-et-blanc ») est une bannière inventée en 1920 en copiant le blason de Rennes par Maurice Marchal, un étudiant en architecture  qui, au lendemain de la Première Guerre mondiale, inspiré par les idées d’extrême droite de Charles Maurras, avait fondé le groupe raciste Breiz Atao (Bretagne Toujours) comme expression d’un possible nationalisme breton.

Ce drapeau, conçu à partir du symbole de l’hermine (symbole éminemment réactionnaire opposant la Bretagne ducale à la Bretagne républicaine) comporte cinq bandes noires figurant les cinq évêchés de haute Bretagne, quatre bandes blanches figurant les quatre évêchés de basse Bretagne. Il s’agit donc de symboliser la Bretagne d’avant la Révolution en vue de la faire advenir contre la France républicaine.

Bientôt, Maurice (qui s’était rebaptisé Morvan) Marchal devait recevoir des subsides de l’Allemagne soucieuse d’encourager les mouvements autonomistes dans l’Europe entière et la France d’abord : l’Alsace en tout premier lieu devait prendre son indépendance pour rejoindre le Reich, puis les régions jugées « ethniquement distinctes » (dont la Bretagne, considérée comme celte) devaient s’émanciper.

Les nationalistes bretons accueillirent la victoire de l’Allemagne nazie avec enthousiasme et le « gwenn-ha-du » devint sous l’Occupation le symbole de la Bretagne luttant pour l’avènement d’une Europe des races dans le cadre du Reich. Ayant fondé une luxueuse revue druidique antisémite et pronazie, Morvan Marchal fut condamné à quinze ans de dégradation nationale à la Libération.

Ce drapeau est le symbole de ce que la Bretagne a refusé : le racisme allié au nazisme.

Peu à peu banalisé par les autonomistes, il est actuellement promu par le lobby patronal ultralibéral regroupé à l’Institut de Locarn. Ce puissant lobby vise à rendre la Bretagne autonome en vue d’achever de casser les lois sociales françaises jugées trop contraignantes.

Il ne s’agit donc pas d’un symbole identitaire plus ou moins folklorique mais d’un symbole antirépublicain, et c’est comme tel qu’il a été conçu.

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