Autonomie : après la Corse et la Bretagne, l’Alsace… 

Comme pour compléter l’article qui précède et qui annonce la conférence de Kofi Yamgnane contre la différenciation (suite à l’appel du conseil régional de Bretagne à l’autonomie), Le Canard enchaîné constate qu’à son tour l’Alsace demande son autonomie. 

Le journaliste anonyme, qui semble découvrir le problème, n’a manifestement pas compris que Jean-Yves Le Drian a été le premier à œuvrer en faveur de l’autonomie de la Bretagne : n’a-t-il pas inauguré son règne, alors qu’il était encore socialiste, en allant présenter son programme à l’Institut de Locarn ? Ce qu’il appelle à mettre en œuvre, c’est bien le projet que promeut le lobby patronal breton. 

Le Breizh lab mis en place par Le Drian à grand renfort de promotion par les médias membres du lobby de Produit en Bretagne est ouvertement autonomiste. 

Contentons-nous de le citer :

« La nouvelle Collectivité territoriale de Bretagne, l’Assemblée de Bretagne, exercerait les compétences aujourd’hui exercées au niveau départemental et au niveau régional, complétées par celles qui lui seraient dévolues par l’État. Cette nouvelle organisation de la région s’accompagnerait donc du transfert de l’ensemble des politiques non régaliennes de l’État et des services déconcentrés afférents à la Collectivité territoriale de Bretagne (culture, développement économique, aménagement, santé publique). Cette collectivité contractualiserait avec chaque intercommunalité, également selon le principe de la différenciation. Ces intercommunalités pourraient ainsi se voir transférer des compétences et des moyens aujourd’hui assurés par les Conseils départementaux ou par le Conseil régional. 

Au nom du principe de différenciation, cette Assemblée devra être dotée d’un pouvoir réglementaire. Comment en effet peser sur les enjeux de l’alimentation, des énergies renouvelables, des mobilités, de la formation professionnelle ou des transports sans un pouvoir réglementaire adéquat ? 

Une Bretagne réunifiée 

Mais de quelle Bretagne parle-t-on ? Séparant la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne en 1941, l’État Français, sous l’impulsion de Pierre Laval, a amputé la Bretagne d’une partie importante de son territoire et de sa population. Ce découpage territorial a été confirmé par tous les chefs d’État et de gouvernement depuis 1945. Pourtant, depuis la dernière guerre des hommes et des femmes essaient d’effacer la frontière administrative pour obtenir une réunification. Bien entendu, une telle réunification suppose qu’elle soit majoritairement approuvée par les habitants de Loire- Atlantique eux-mêmes, comme le suggère un récent sondage. Le Conseil Régional de Bretagne et plusieurs municipalités à l’instar de celles de Nantes, Brest et Rennes demandent que soit organisée une consultation des habitants de Loire-Atlantique : veulent-ils rejoindre la Collectivité territoriale de Bretagne ou rester en région Pays de la Loire ? 

Comme le détaille Kévin Jézéquel, vice-président de l’association « À la bretonne ! », si le résultat est positif il faudra « que les collectivités de la Région Bretagne se positionnent et que les collectivités de la Région des Pays de la Loire consultent leurs habitants sur leur propre avenir »

En 2002 Joseph Martray et Jean Ollivro ont publié un ouvrage intitulé « La Bretagne réunifiée, une véritable région européenne ouverte sur le monde ». Le Breizh Lab reprend volontiers ce titre pour qualifier son ambition pour la Bretagne.  » 

Le maître à penser que se donnent Le Drian et ses associés est Joseph Martray, le bras droit de Yann Fouéré à la tête de la presse collaborationniste bretonne sous l’Occupation, l’indépendantiste déguisé en autonomiste pour faire avancer le programme approuvé par l’Abwehr si Hitler l’emportait, le chantre de l’Europe des ethnies (président du CÉLIB et de la Fédération Peuples et Ethnies solidaires)… Et c’est à titre officiel que l’ex-ministre reprend la propagande des nationalistes sur « l’amputation »  de la Bretagne à présent attribuée non plus à Pétain mais à Laval.

Réunification et retour au Parlement de l’ancien régime… avec un État réduit à la portion congrue.

L’article du Canard enchaîné est d’abord intéressant par son ignorance – sa naïveté, dirait-on – et c’est cet aveuglement qui permet à Le Drian et son disciple Chesnais-Girard de berner les Bretons en leur faisant miroiter un avenir prospère, enfin libéré des lois garantissant encore l’égalité républicaine.  

Tous les efforts pour informer et favoriser enfin une prise de conscience de ce qui se joue sont donc précieux. 

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