Le 10 décembre 2021, Christian Troadec, maire de Carhaix et vice-président du Conseil régional en charge des langues de Bretagne et des Bretons du monde, se livre à des agapes qualifiées d’« orgie » par un élu : en pleine crise sanitaire, et ce alors que les employés municipaux conviés au repas ont dû prendre un plateau et se retirer chez eux, il a, de son propre aveu, festoyé avec une quinzaine de fêtards (mais sans danser, précise-t-il) jusqu’aux aurores. L’alcool coulait à flots.
L’association anticorruption AC !! ayant déposé plainte contre X (ou, du moins, annoncé son intention de porter plainte) pour « prise illégale d’intérêt » et « détournement de biens publics », Christian Troadec, profitant d’une réunion des élus de la communauté de communes Poher communauté le 20 janvier, a fait voter la prise en charge de ses frais de justice. La conclusion du compte rendu de cette réunion est la suivante, d’après Le Télégramme :
« Poher communauté constate que son Président a été pris à partie dans des conditions intolérables à raison de (sic) son mandat et de ses fonctions. Il lui est demandé d’apporter son soutien et d’agréer la prise en charge (sic) des frais rendus nécessaires pour la défense de son Président. »
Cependant, des élus protestent : le conseil est supposé avoir voté à l’unanimité, mais il n’y avait que 6 présents (les élus favorables au maire) sur 17 élus. Il apparaît alors qu’ils n’ont pas été prévenus à temps et que ce point ne figurait pas à l’ordre du jour.
Face à l’indignation soulevée par ce nouvel épisode, Christian Troadec adresse à la presse le 30 janvier un communiqué assurant qu’il ne compte pas du tout « faire appel aux contribuables pour payer ses frais de défense» mais juste « solliciter l’assurance juridique » dont il bénéficie en tant qu’élu. On ne voit donc pas en quoi cela concerne la communauté de communes.
Le 2 février néanmoins, le bureau de la communauté de communes se réunit à nouveau et le président déclare que le point litigieux n’a pas « été soumis au contrôle de la légalité » et est donc, en dépit du vote, « nul et non avenu » : il est retiré (sans vote).
Or, le 7 février, lors d’une discussion au cours du conseil municipal, le maire de Poullaouen (qui faisait partie des six soutiens de Christian Troadec) avoue qu’il a été bien étonné d’apprendre par la presse le « vote unanime » du 20 janvier car, en réalité, il n’y a pas eu du tout de vote. S’il n’a pas protesté après avoir lu le communiqué mensonger, c’est qu’il ne voulait pas « aggraver les choses » (pour qui ?).
Nul ne précise qui a fait part à la presse de ce soutien prétendument unanime du conseil de communes à son président suite à un vote fantôme.
Le maire de Poullaouen, Didier Goubil, aggrave l’affaire en tentant d’excuser Christian Troadec au motif qu’il « a voulu faire vite » car « en bureau communautaire on fait les choses parfois pas dans les formes pour aller plus vite ». Rien donc que de banal.
Quant au vice-président de Poher communauté, il réfléchit « aux suites à donner à ces faits graves ».
Condamné pour injures publiques par ordonnance pénale, Christian Troadec annonce qu’il a fait opposition. Il compte s’expliquer jeudi 24 février devant le Conseil régional sur cette « campagne de caniveau ».