StoneBreizh

Il ne suffisait pas de la Vallée des saints, monstrueux délire concocté par la bigoterie celtomaniaque du breizh business issu du lobby patronal breton. Le redoutable Philippe Abjean frappe encore : cette fois, c’est StoneBreizh (on remarquera l’alliance de globish et de breton marque de l’inscription de la Bretagne dans la mondialisation heureuse hors de la France républicaine). Il s’agit de faire un faux Stonehenge en dressant en cercle 36 faux mégalithes de 6 mètres autour d’un faux menhir de 7 mètres. Ce cercle de 43 mètres de diamètre se trouverait à l’intérieur d’un cercle de 124 mètres de diamètre composé de fausses stèles résumant l’histoire de la Bretagne et des glorieux Bretons qui la font (une histoire conçue à la sauce bzh). Et comme cette opération identitaire à prétentions artistiques est d’abord et avant tout politique, 1415 arbres seront mis au service du combat : un par commune de la Bretagne dite « historique » appelant à sa « réunification » même si les pays de la Loire refusent d’être enrôlés dans la croisade. 

StoneBreizh polluera un terrain de 10 000 m2 au sud de Carhaix, près de l’infortuné cairn de Goasseac’h, à peine découvert pour être confronté à l’horreur du kitch mégalithique. 

Le maire de Carhaix jubile : ce nouveau projet qui ne coûtera qu’un million d’euros lui permet d’oublier orgie et injures pour montrer son ardeur à en mettre en œuvre l’installation : « On avait déjà initié le panthéon des plus célèbres des Bretons. Là, ça donne une dimension exceptionnelle », déclare-t-il au journaliste du Télégramme Anthony Rio. Ainsi les mégalithes sont-ils associés à la prolifération de ridicules statues érigées à la gloire de Bretons méritants (comme les sœurs Goadec et les cyclistes bretons) en divers lieux de cette pauvre ville de Carhaix, déjà enlaidie par la désastreuse usine Synutra, autre création troadéquienne.    

Ce lieu festif permettra d’organiser des séminaires d’entreprises (cherchez lesquelles) et permettra, pourquoi pas, de célébrer les solstices en toges druidiques. 

Le néopaganisme complétant le culte des saints : telle était bien l’alliance qui permettait à Breiz Atao de recruter pour combattre la France laïque. Le combat continue ; d’ailleurs, Philippe Abjean vient de publier sur ce nouveau projet un livre intitulé Apprends-moi les mots qui réveillent un peuple. Ce livre est paru aux éditions Ar Gedour, expression du catholicisme militant pour une réévangélisation de la Bretagne voulue par Dieu, dans la droite ligne de l’idéologie illustrée par l’abbé Perrot : les éditions Ar Gedour sont surtout connues pour avoir publié sous la plume de leur directeur, un descendant de la célèbre famille Caouissin, une hagiographie de l’abbé Perrot (collaborateur des nazis et délateur exécuté, comme on le sait, par la Résistance).

S’étonnera-t-on de voir le maire de Carhaix soutenu par le président théoriquement socialiste du conseil régional faire l’apologie d’un tel projet ? 

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