Entre l’art, l’identitaire et le business avec la Chine, Christian Troadec et François Pinault avaient tout pour s’entendre.
Organisée par Patrick Le Lay, une rencontre avait eu lieu le 4 décembre, lors d’un séjour du chef de file des Bonnets rouges à Paris pour négocier avec des investisseurs chinois, et François Pinault qui l’avait récemment félicité pour sa réélection. Tout s’était bien passé : Christian Troadec s’était fait photographier avec François Pinault l’enlaçant d’un bras fraternel.
Sitôt de retour à Carhaix, il annonçait un projet d’exposition de sculptures modernes à ciel ouvert s’inscrivant dans la suite de la Vallée des saints et de la statuaire identitaire destinées à transformer Carhaix en capitale du kitch breton, un budget de 50 000 € étant prévu pour dresser sous peu une statue à Sébastien Le Balp. Inscrivant ces créations artistiques dans l’euphorie des relations avec la Chine dont les « liens forts » de François Pinault avec le président permettaient d’envisager des « synergies », il faisait part de ces projets à la presse régionale, qui n’a rien à lui refuser.
Cependant, par la voix de son conseiller Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture, François Pinault l’a fait savoir : le milliardaire n’a pas du tout apprécié qu’on utilise son nom et sa photo. Évoquer ses relations avec le président de la Chine ! Et les associer au kitch artistique militant ! Lui qui fait flotter le gwenn-ha-du à la place du drapeau français sur le Palazzio Grassi (ce qui a fait pleurer de joie son ami Patrick Le Lay) sait tout de même où placer la limite.