Nil Caouissin, l’ex-porte-parole de l’UDB, parti autonomiste, et qui, aussi incroyable que celui puisse paraître, en tant que conseiller régional (liste Breizh-a-gleiz -autonomie, écologie, territoires) a demandé l’autonomie de la Bretagne comme suite à l’autonomie proposée à la Corse par le ministre de l’Intérieur, a également publié un Manifeste pour un statut de résident en Bretagne aux presses de son parti.
Tout inspiré par les revendications des indépendantistes corses (notamment de Corsa Libera), ce libelle a pour but de « protéger les Bretons » de l’invasion de leur territoire par des étrangers à leur peuple.
En Corse, il s’agirait d’avoir résidé cinq ans dans l’île pour avoir le droit d’y acheter un bien immobilier – sauf pour les Corses de la diaspora pouvant prouver leur corsitude). En Bretagne, un an de résidence suffirait. Il n’est pas dit si les Bretons de sang issus de la diaspora auraient le droit de s’installer où ils veulent quand ils le veulent, ni après quels tests. Le dispositif ne porterait de toute façon que sur le littoral, la Bretagne intérieure pouvant subir sans problème l’invasion étrangère.
Le président du conseil régional de Bretagne qui a soutenu avec ardeur le projet d’autonomie de la Bretagne s’est déclaré pour le moment « contre un statut de résident qui engendrerait deux types de citoyens, des Bretons et d’autres, en zone d’attente pour devenir bretons ». En fait, il se trompe : il y en aurait trois, les non-Bretons, les Bretons de la côte et les Bretons de l’intérieur.
Lors de son discours à Bastia en février 2018, Emmanuel Macron avait refusé tout à la fois la co-officialité de la langue corse et le statut de résident. Vu les récentes propositions, il est possible que tout change et il est utile d’observer que les autonomistes bretons s’alignent sur les positions des indépendantistes corses. Ce statut étant inconstitutionnel, la seule solution pour l’appliquer serait de rendre la Bretagne indépendante : le but est bien de faire avancer ce projet en mobilisant les « vrais Bretons » contre les autres, revendication qui fut dès l’origine celle de Breiz Atao.
On observe d’ailleurs que si la même situation de tension immobilière s’observe sur la Côte d’Azur et l’île de Ré, nul ne demande à ce que le statut de résident y soit adopté. Il s’agit donc bien d’une revendication ethniste que l’on attendrait de l’extrême droite plutôt que de partis qui se présentent sous habillage de gauche. Le socle idéologique des autonomistes reste bien celui de Breiz Atao.