Délégation de la Culture à la Bretagne

6-7 décembre

Fleur Pellerin, ministre de la Culture, vient à Rennes signer le protocole de délégation de la Culture figurant à la fin du Pacte d’avenir pour la Bretagne. Fin de la DRAC, selon le vœu des autonomistes éclatement du ministère de la Culture  : à ce jour, le Groupe Information Bretagne est seul à avoir protesté.

Notons bien qu’il n’est plus nulle part question de la délégation de la Culture, terme désormais proscrit comme trop explicite.

D’abord, la ministre ne vient pas du tout signer un protocole : elle vient rendre hommage aux Transmusicales, qui sont « un véritable patrimoine », inaugurer la médiathèque du Rheu, « symbole du service public » et soutenir les libraires, qui en ont bien besoin.

Du rock, du patrimoine, du symbole et du soutien : toute la rhétorique est mobilisée avant qu’une protestation ne s’organise sur le modèle de la manifestation qui a rassemblé les responsables du spectacle vivant au Théâtre de la Colline la semaine passée.

 

 

En Bretagne, pas de protestation puisque personne n’est au courant. La rhétorique fait ici encore son office : nul, donc, n’entendra parler de « délégation de la Culture » ; c’est de manière annexe qu’on annonce la signature d’un « protocole “culture” figurant dans le Pacte d’avenir pour la Bretagne ». Et, sur le mode euphorique de rigueur, le président du conseil régional proclame qu’il s’agit d’« un dispositif pionnier, unique en son genre ». Pionnier, c’est certain, puisqu’il inaugure la casse du ministère de la Culture. Les caisses de l’État sont vides : les autonomistes ont demandé à s’occuper de la culture en Bretagne ? Heureuse conclusion des violences des Bonnets rouges et conclusion du Pacte d’avenir. Le lobby ultralibéral breton l’a rêvé, les socialistes l’ont fait. Fin de l’égalité, triomphe de l’identitaire. Désormais « un guichet unique traitera les demandes de subventions » — et cela concernera tout le domaine du livre et de la lecture, l’audiovisuel (fer de lance de la propagande) et le « patrimoine immatériel » dont les langues. Oui, « le patrimoine immatériel, comme les langues, par exemple » déclare la ministre. Les langues ? Le breton et du gallo font partie du patrimoine immatériel, autrement dit du folklore « destiné à procurer un sentiment d’identité », d’après la définition de l’Unesco.

Exit la délégation, surgit le 3 CB.

Qu’est-ce que le « 3 CB » ? Le Conseil des Collectivités pour la Culture en Bretagne. Encore une trouvaille miraculeuse : « C’est une première ! » clame la ministre et le lecteur apprend que désormais une seule instance décidera de tout dans le domaine de toutes les filières culturelles. La bretonnitude contre la culture.

L’information essentielle à retenir de cette opération étant que les Bretons n’y ont vu que du feu.

 

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