Le gwenn-ha-du flotte sur la mairie de Nantes

On serait tenté de penser que faire flotter le gwenn-ha-du, dit drapeau breton, sur la mairie de Nantes, captitale des Pays de la Loire, est une innovation folklorique, un petit clin d’œil amical à ces bons voisins que sont les Bretons qui dansent si bien en rond. Une gentille bécassinade, somme toute. C’est ainsi que l’immense majorité des personnes concernées (ou plutôt non concernées, car elles s’en fichent royalement) prend la chose : encore un petit gadget pour plaire aux touristes. 

Nous avons ici de longue date tenté d’alerter sur ce qu’est ce drapeau et sur le rôle qui depuis les origines a été le sien : symbole de la nation bretonne à reconquérir contre la France républicaine, il a servi de signe de ralliement aux militants nationalistes alliés aux nazis, avant d’être interdit à la Libération, puis de resurgir des officines nationalistes issues de la collaboration et de s’imposer d’abord via les fêtes folkloriques, puis les partis nationalistes d’extrême gauche comme d’extrême droite, avant que le Conseil régional de Bretagne n’en fasse l’instrument d’une propagande autonomiste, à présent officielle. 

Le fait qu’en 2020 la maire socialiste de Nantes ait décidé de placer la mairie sous ce symbole signifiait bien qu’elle officialisait à son tour le projet nationaliste dont il est l’expression et réalisait symboliquement la « réunification » appelée par des cénacles qui n’ont cessé de ce se présenter comme l’expression de la volonté des Bretons. Cénacle nouvellement créé dans le but de faire avancer le projet à marche forcée, l’association À la bretonne (le nom seul résume le projet – et témoigne d’ailleurs du mépris pour les habitants des Pays de la Loire) poursuit un intense travail de lobbying, appuyé par l’élu aux « enjeux bretons », Florian Le Teuff, le spécialiste de la tournée des bars nantais, et bien d’autres militants. 

Il s’est pourtant trouvé des citoyens pour protester – ainsi le courageux Nantais qui a saisi le tribunal et a eu gain de cause car (fait en soi bien révélateur) la maire de Nantes, Johanna Rolland, avait fait hisser le drapeau sans même consulter le conseil municipal. Nous avons rendu compte ici de cet épisode qui avait provoqué un certain désarroi.

Ainsi également l’association AVSPL : elle a fait un intense travail d’infiormation auprès des élus et notamment des conseillers municipaux qui allaient, bien tardivement, devoir se prononcer sur la présence de ce drapeau antirépublicain sur la mairie. Comme il fallait s’y attendre, hélas, la lâcheté, l’irénisme et l’aveuglement l’ont emporté face au confusionnisme et grâce à lui.

Il est cependant intéressant de prendre connaissance de la propagande déversée par les thuriféraires du gwenn ha du, Florian Le Teuff en tête. Il s’agit du sujet 36 du « déroulement de la la séance » 

Il est non moins intéressant de constater que le seul élu qui ait osé un peu protester, Mounir Belhamiti, et qui proposait de placer le drapeau de la région Pays de la Loire à côté du gwenn-ha-du (proposition qui semble sensée) s’est aussitôt vu l’objet d’injures racistes qui en disent long sur le mouvement breton. 

En dépit d’un signalement pharos, ces insultes sont toujours en ligne. 

Florian Le Teuff, tout récemment, se donnait une aura de martyr et de grand démocrate à la suite de la « grande manifestation » du 12 octobre sur la « réunification »  (« grande manifestation » qui n’a pas réuni un millier de personnes) car au cours de cette manifestation il aurait été frappé par un militant nationaliste d’extrême droite. On constate qu’il se trouve servir la cause de cette extrême droite nationaliste qui jubile et triomphe.

Quant à l’association « À la bretonne », elle ne se contente pas de jubiler, elle engage un nouveau combat pour contraindre le président du département à se soumettre à l’injonction d’avoir à faire flotter le gwenn ha du, elle précise que la crise des « institutions françaises » est une formidable opportunité pour les Bretons (les citoyens de Loire-Atlantique sont oubliés, sans doute d’avance englobés dans les Bretons) et elle indique la prochaine étape : la « réunification » (préalable obligatoire à l’autonomie de la Bretagne). 

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