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Le 17 décembre 2020, une grande opération de propagande lancée par le lobby de Bretagne réunie aboutit à ce triomphe : le gwenn-ha-du, drapeau antirépublicain et antifrançais mis au point par un druide raciste, fondateur du groupe nationaliste Breiz Atao, flotte sur la mairie de Nantes.
Il s’agit, bien sûr, d’un symbole : désormais, Nantes fait partie de la nation bretonne, preuve en est ce drapeau. La maire n’a fait que céder aux pressions de ce lobby qui entend « réunifier » la Bretagne pour en faire une nation autonome, puis indépendante.
Il n’y a là rien que de banal : la soumission des élus au projet d’autonomie appuyé par les nationalistes alliés au patronat breton se manifeste d’abord par l’adoption des symboles mis au point par ces militants. L’allégeance des élus socialistes est, il a bien fallu s’en rendre compte au fil des années, plus aveugle, plus insoucieuse et jobarde que celle des élus de droite qui, eux tout au moins, ont l’affairisme pour alibi. Nous avons pu voir la promotion du Gwenn-ha-du assurée par le conseil régional socialiste et la demande d’autonomie présentée officiellement par ce même conseil régional, sans ombre de consultation des Bretons.
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Chose exceptionnelle, en l’occurrence, un courageux Nantais, conscient que les protestations, prises dans le flot habituel de propagande euphoriques, seraient perdues, écrit à la maire pour demander le retrait du drapeau ; la maire lui ayant opposé un refus définitif, il saisit le tribunal. Et le tribunal lui donne raison : non parce que le Gwenn-ha-du est un drapeau antirépublicain, mais parce que la maire a fait hisser ce drapeau sans même prendre la peine de consulter le conseil municipal.
Il va de soi que le conseil municipal n’aura rien de plus pressé que d’approuver la décision de la maire – on observe d’ailleurs que le gwenn-ha-du a été « abaissé » en attendant et non pas retiré…
Plus comique (si l’on veut), personne n’a fait observer qu’à côté du gwenn-ha-du flottait et flotte encore une banière associant les pires symboles réactionnaires du kit nationaliste, l’hermine, la croix noire (Kroaz Du), le tout symbolisant l’appartenance de Nantes à la « Bretagne historique ». Le voici suivi des explications de Breizh création, « le spécialiste de la bolée bretonne », qui le promeut :
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Vous pouvez aussi acheter le drapeau celte et le drapeau vendéen, qui font très bien dans le panorama. Breizh créations les classe dans la même catégorie :
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Cet épisode est intéressant :
– D’abord, il montre l’espèce de vertige qui s’empare des élus face à l’opium identitaire déversé par des lobbies en mesure de peser sur les élections ; pas de consultation du conseil municipal, pas de consultation des habitants ; tout se passe en dehors, dans le règne du « comme si » consistant à faire gober la foi dans l’appartenance de Nantes à la nation bretonne…
– Ensuite, il montre les réactions des médias face à ce rappel aux faits et à la loi. « Encore un mauvais coup contre la Bretagne ! » Tel est le leit-motiv : Ouest-France va jusqu’à publier une image proclamant « LA MAIRIE INTERDITE DE GWENN-HA-DU » et laisser entendre que « la démocratie est bafouée ». La démocratie ! Seules sont entendues les associations membres du lobby autonomiste, l’association À la bretonne, le Parti Breton et, bien sûr, Bretagne réunie.
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Enfin, l’opposition municipale fait observer que le drapeau de la région Pays de la Loire ne flotte pas, comme on s’y attendrait, sur la mairie.
Pourquoi ne pas réparer cet oubli ?
Ou plutôt calmer cette fièvre vexilliaire ?
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