La Résistance bafouée


L’histoire de la Résistance est particulièrement importante et particulièrement litigieuse en Bretagne. Du fait que le mouvement nationaliste breton s’est engagé massivement dans la collaboration (ce qui n’était, bien sûr, pas le cas des Bretons), la version des faits a considérablement varié selon les points de vue : pour les nationalistes assumant l’héritage de la collaboration, les résistants n’étaient qu’une bande de voyous traîtres à leur mère patrie, la Bretagne. Aboutissement de cette version des faits, l’histoire de la Résistance vue par un indépendantiste  proche de l’Institut de Locarn, qui considère que les résistants ont fait plus de tort à la Bretagne que les nazis.

On pourra lire ici l’analyse de son livre Joli mois de mai 1944.

Mais, dans les années 60, des militants nationalistes ont constaté qu’il était plus rentable de donner à leur combat une couleur de gauche, ce qui les a amenés à revoir l’histoire, condamnant la collaboration (sans toutefois la condamner vraiment, puisque les grands auteurs de langue bretonne, tous collaborateurs, devaient néanmoins rester objets d’éloges) et cherchant coûte que coûte des résistants parmi les militants bretons (certains d’entre eux s’étant d’ailleurs recyclés in extremis à la Libération).

En 2007, cette entreprise de recyclage a trouvé son aboutissement dans un essai d’un historien autonomiste breton, Jean-Jacques Monnier. Sous-titré l’hermine contre la croix gammée, cet essai assimile Résistance et conscience bretonne (pour reprendre son titre). Fastidieuse compilation de cas hétéroclites le livre, préfacé par Mona Ozouf et appuyé par le conseil culturel de Bretagne, a bénéficié d’une telle campagne de promotion que des responsables de l’ANACR, l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance, ont protesté avec indignation.

Malheureusement, c’est cette version qui s’impose désormais officiellement.

Sur ce sujet, voir l’article Miliciens contre maquisards.

On trouvera ici une analyse critique de l’essai de Jean-Jacques Monnier.