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La propagande autonomiste omniprésente en Bretagne s’appuie sur de nombreuses publications, expositions et films subventionnés. Elle consiste en mainte occasion à donner une version lénifiante de l’histoire du mouvement nationaliste breton, pourtant honni des Bretons, tant à l’époque de Breiz Atao (dans l’entre-deux-guerres) que sous l’Occupation) puis à l’époque du FLB.
Le réalisateur Hubert Béasse a produit ce qui semble être la version désormais accréditée sur la collaboration et sur le FLB.
Ses deux documentaires, Berlin, Vichy, Bretagne, et Les années FLB ont été diffusés sur FR3 Bretagne le premier le samedi 9 avril 2012 à 15 h 15 ; le second (en deux volets) a les 9 et 16 novembre 2013 à 15 h 20.
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I.
BERLIN, VICHY, BRETAGNE
Voilà quelques années, face aux protestations que nous avons été quelques-uns à élever contre la réécriture de l’histoire en Bretagne et à l’occultation du passé de militants nationalistes bretons collaborateurs des nazis, un colloque international avait été organisé à Brest avec l’appui du conseil régional : il s’agissait de donner une version officielle en noyant le cas de la Bretagne parmi les cas hétéroclites de régions diverses.
La leçon du colloque était donnée par l’historien autonomistes Michel Denis : une frange de nationalistes du PNB a collaboré avec les nazis pour obtenir quelques avantages culturels refusés à l’infortunée Bretagne par la France jacobine, mais les bons autonomistes, eux, n’ont pas collaboré. Démonstration aberrante, contredite par tous les faits, mais qui a permis de fournir aux médias le discours consensuel nécessaire pour permettre de mettre en œuvre le projet de régionalisation appelé par la droite comme par la gauche.
Le documentaire Berlin Vichy Bretagne réalisé par Hubert Béasse et qui a bénéficié d’importantes subventions du conseil régional de Bretagne, d’une promotion et d’une diffusion impressionnantes, est une étape de plus dans la réécriture de l’histoire préparant l’autonomie régionale.
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Cette fois, le cas de la Bretagne est présenté comme un cas tout à fait à part. Lors du colloque de Brest, l’analyse des réseaux ethnistes mis en place depuis le XIXe siècle pour lutter contre l’héritage des Lumières se perdait dans le chaos des minorités accumulées : ici, nulle analyse idéologique, nulle mise en contexte, nul rappel de l’histoire du mouvement Breiz Atao, fondé juste après la Première Guerre mondiale par un groupe de jeunes gens dont le principal, Maurice, dit Morvan, Marchal, l’inventeur du drapeau breton dit « gwenn-ha-du » (bizarrement traduit par « noir et blanc ») est oublié.
Un bon coup de gomme et tout commence avec Hitler, seul coupable.
Machiavélique comme de coutume, il a le plan de faire éclater la France en régions ethniques et arrive à convaincre deux militants bretons, Mordrel et Debauvais, qui se convertissent au nazisme dans le but de faire progresser « l’idée bretonne ». Car, attention, si certains se laissent gagner à la cause allemande, ce n’est pas du tout parce qu’ils sont, en plein accord avec le racisme de l’Abwehr, décidés à lutter contre la France républicaine, c’est la faute de la marâtre France qui refuse aux Bretons le droit de parler leur langue à l’école.
De Creston, de Yann Sohier, de Morvan Lebesque, de Youenn Drezen, de tant d’autres militant de la première heure, partisans du programme national-socialiste de Breiz Atao, pas un mot. Pas question d’évoquer les responsabilités des grands hommes du mouvement nationaliste breton auxquels tant de municipalités rendent hommage actuellement.
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Arrivés en Bretagne, les nazis offrent aux Bretons un journal, L’Heure bretonne, une radio en breton qui est confiée, de même que l’Institut celtique, à Roparz Hemon dont on découvre subitement le rôle sans comprendre son parcours, puis le Comité consultatif confié à un énigmatique Fouéré dont le parcours se perd lui-même dans le flou. De la teneur raciste de L’Heure bretonne, rien ; du programme de l’Institut celtique et du Comité consultatif, rien. Georges Cadiou, journaliste autonomiste, auteur de l’essai L’Hermine contre la croix gammée, explique avec regret qu’on ne sait pas ce qu’aurait pu donner le Comité consultatif. « C’est l’Histoire qui a fait que ç’a été un échec ». L’Histoire, autrement dit la Libération. Dommage, en effet, mais voilà, c’est encore la République la coupable : « La République n’avait jamais voulu d’institutions bretonnes »… Reste à savoir si les Bretons, et quels Bretons, les demandaient. Le programme ethniste du Comité consultatif, borné dans l’identitarisme néoceltique en plein accord avec les services de propagande nazis, aurait donc pu, d’après ce journaliste qui accompagne tout ce documentaire, donner quelque chose de très bien.
Le film est presque terminé lorsqu’on apprend soudain qu’à la suite de l’exécution par la Résistance d’un certain abbé Perrot, dont on ne sait rien, le Parti national breton se scinde. Christian Bougeard ose assurer que la majorité du PNB devient antinazie tandis qu’une infime minorité, à la suite de Debauvais, toujours lui, et d’un mystérieux Lainé qui fonde une vague petite milice bretonne sous uniforme SS dite Bezen Perrot, se durcit. Des exactions du Bezen, de ses liens avec l’ensemble de ce milieu collaborationniste, de la puissance des réseaux affairistes qui tiennent le PNB, du fait que Mordrel, Fouéré, Hemon, sont des agents de la Gestapo, pas un mot. De la haine portée par l’ensemble de la population à ces autonomistes, pas un mot non plus. Pis encore, on allègue que c’est l’influence de la hiérarchie catholique qui a détourné les Bretons des sirènes nationalistes, et l’on va jusqu’à expliquer que « les Bretons se méfiaient peut-être de l’État français mais ils étaient fidèles à leurs curés »… À défaut du sabre, vive le goupillon !
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La démonstration historique est fausse pour cinq raisons :
1. L’analyse de l’idéologie du mouvement nationaliste breton étant absente, il est impossible de comprendre ce qui a porté ces militants, dès les années 20, à œuvrer dans les réseaux ethnistes instrumentalisés par l’Allemagne.
2. Cette occultation du contexte permet d’accuser Hitler seul d’avoir séduit de bons Bretons soucieux de préserver leur langue et leur culture.
3. Sur cette base, il est possible de rendre la France responsable de la dérive nazie d’une minorité de militants, les autres restant à l’écart — alors que le PNB fédérait autonomistes et indépendantistes autour de la même défense d’une race bretonne.
4. Cela permet, en dénonçant Mordrel, Debauvais, Hemon et Fouéré, d’absoudre la masse des militants supposés faire partie d’un PNB antinazi (et donc, de fait, tous les autres, Creston, Drezen, Langlais, Monjarret, Marchal, Lebesque, et tutti quanti).
5. Ce qui permet d’occulter le rôle et la place des miliciens du Bezen Perrot, leur fuite en Irlande et leur rôle dans le FLB et le mouvement nationaliste breton après-guerre.
Ainsi l’histoire est-elle revue et corrigée en fonction des impératifs idéologiques du mouvement breton actuel.
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Les explications données par FR3 au sujet de ce film sont d’ailleurs, dans leur confusion même, parfaitement claires :
« De 1940 à 44 un pan de l’histoire bretonne porté par les mouvements nationalistes s’est perdu dans les mémoires collectives. Les nazis ont tenté d’aryaniser la Bretagne. Quelques ouvrages essaieront des années plus tard de ré-écrire les faits et les positions tenues. Investigation dans les archives allemandes pour connaître la réalité afin que la faute de quelques-uns (si elle est avérée) ne soit pas une faute collective plus lourde à porter. »
Il s’agit d’absoudre une collectivité (reste à savoir laquelle) d’une faute (peut-être hypothétique) pour que cette collectivité (elle-même hypothétique) n’ait plus à porter la faute (hypothétique) de quelques-uns.
Ce qui était du domaine de l’histoire devient soudain objet d’un jugement moral.
Et cela à partir de faits inexacts :
— D’une part, l’engagement des autonomistes dans la collaboration, loin de s’être perdu dans la mémoire collective de Bretons, y est resté, au contraire, étonnamment vivace. N’est-ce pas cette mémoire qu’il s’agit d’occulter ?
— D’autre part, ces nationalistes étaient de longue date en relation avec les services secrets allemands et ce sont eux qui ont a fait appel aux nazis.
— La phrase « les nazis ont tenté d’aryaniser la Bretagne » est absurde. Le terme « aryaniser » désigne les violences exercées par les nazis pour anéantir les juifs et s’emparer de leurs biens au nom d’une race aryenne supposée supérieure. Écrire que les nazis ont « tenté d’aryaniser la Bretagne » est inepte car ils n’ont pas fait qu’essayer, il ont réussi à exterminer et voler les juifs — qui étaient peu nombreux en Bretagne, et la question de l’« aryanisation » ne sert qu’à dissimuler l’essentiel s’agissant du mouvement nationaliste breton : les nazis ont fait en sorte, avec leur appui, de rendre la Bretagne à ses origines celtiques pures, ou prétendues telles, comme le voulaient les nationalistes depuis les origines, en vue d’instaurer une Europe des races et ethnies. Il s’agit donc de « celtisation » ou de « racialisation celtique », non d’aryanisation.
Il resterait à savoir si, même en se disant de gauche, le mouvement breton peut avoir une autre base idéologique : les Bretons sont celtes ; étant celtes, ils font partie d’une ethnie à libérer. C’est évidemment cette problématique qu’il s’agit coûte que coûte d’occulter.
— Enfin, le fait que la totalité des nationalistes bretons (à de très rares exceptions près) ait collaboré avec les nazis est un fait établi : accuser l’historiographie de « réécrire », et mettre la « faute » en doute comme s’il s’agissait d’un péché à dire en confession pour bénéficier de l’absolution est une manœuvre rhétorique qui vise à laisser accroire que cette « faute collective » concernerait la Bretagne et non le mouvement nationaliste breton.
Ainsi ce dernier se substitue-t-il à une Bretagne qui a combattu le nazisme au nom de la France et des valeurs républicaines.
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Ce tour de passe-passe est aussi ancien que le mouvement nationaliste breton lui-même qui n’a jamais parlé qu’au nom de la Bretagne, une Bretagne fantasmée au nom d’une langue elle-même fantasmée, à épurer et sauver coûte que coûte de toute souillure avec l’odieux breton du peuple, au nom au nom de gènes celtiques à garder eux aussi purs de toute souillure. En revanche, que ce tour de passe-passe soit officialisé parce que consensuel et subventionné sur fonds publics montre que nous sommes passés à une étape nouvelle. Les historiens qui auraient pu protester se taisent. Les instances régionales socialistes qui induisent cette vision orientée de l’histoire au lieu d’analyser les faits et leurs conséquences risquent de nous faire payer cher cet aveuglement.
II.
LES ANNÉES FLB
Au moment où flambent les pseudo-révoltes spontanées des Bretons affublés de bonnets rouges par des patrons qui annonçaient dès leur « appel breton du 18 juin » à boycotter l’écotaxe, et alors même que ces patrons se réfèrent au lobby du CELIB appuyé dans les années 60 par les actions violentes du FLB, FR3 diffuse ce qui est, en somme, la suite de Berlin Vichy Bretagne (le documentaire d’Hubert Béasse supposé faire le point sur la collaboration du mouvement nationaliste breton), à savoir Les années FLB, également subventionné par le conseil régional socialiste.
Cette fois, nous avons droit à deux volets : deux fois plus long de temps pour diffuser un message deux fois plus confus, deux fois plus consensuellement propagandistique et deux fois plus biaisé.
Le message de Berlin Vichy Bretagne était simple : le méchant Hitler (Berlin), du fait que la méchante France (Vichy) ne reconnaissait pas les droits des bons Bretons à parler leur langue et assumer leur identité celte (Bretagne) a malheureusement réussi à séduire quelques pauvres égarés du nationalisme breton.
Le message des Années FLB n’est pas plus compliqué : après guerre, de pauvres Bretons sont devenus terroristes pour faire entendre les revendications bretonnes car la bombe, étant retentissante, contraignait ponctuellement le pouvoir français à sortir de sa surdité. Grâce à eux, les pouvoirs publics ont cédé : comme le dit en conclusion le militant nationaliste Charlie Grall, « on a forcé les pouvoirs à agir là où ils ne voulaient rien faire. » Merci à eux.
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Le documentaire est rédigé selon la méthode du confusionnisme absolu, le confusionnisme volontaire qui faisait soudain, dans le documentaire Berlin Vichy Bretagne, surgir un nommé Roparz Hemon, puis un certain abbé Perrot, dans le cours d’une histoire qui les avait jusqu’alors ignorés : là, c’est un certain Fouéré qui est, ou n’est pas, chef du FLB. D’où vient-il ? Pourquoi ? Nul ne le sait : la logique de l’action de Fouéré poursuivie dès l’entre-deux-guerre, puis sous l’Occupation, sur les mêmes bases, avec les mêmes alliances, en relation avec l’Allemagne nazie, puis les réseaux ethnistes européens reconstitués après guerre, est totalement effacée ; à aucun moment il n’est dit que c’est lui qui a organisé la filière de faux passeports permettant aux SS du Bezen Perrot de se réfugier en Irlande d’où faire repartir le combat breton. Membre du Kuzul Meur (du conseil secret) des nationalistes sous l’Occupation, Fouéré agitssait, selon sa stratégie, en tissant des toiles d’araignée où tel ou tel pouvait venir se prendre et servir la cause : le MOB (premier parti nationaliste breton à se reconstituer après-guerre), le fédéralisme aux couleurs régionalistes bon teint, les liaisons interceltiques, le CELIB, le FLB…
De l’itinéraire de son associé Pierre Lemoine œuvrant à la tête de la Fédération Peuples et Ethnies Solidaires (à l’origine de la Charte des langues régionales) et dans l’ombre au FLB, avant de devenir le maître à penser du parti nationaliste d’extrême droite Adsav, rien non plus. C’est un bon vieillard, qui donne sa version des faits, version donnée pour monnaie comptante, comme tout le reste.
À quoi bon y revenir puisque tout est du même accabit ? Des terroristes plus ou moins décatis viennent nous expliquer ce qu’ils ont fait ad majorem patriæ gloriam (: evit ar Vro). L’un d’eux explique qu’un accord avait été conclu : pas de gauche, pas de droite, on veut l’indépendance de la Bretagne, on fait sauter tout ce qu’on peut faire sauter aux frais du contribuable, et après on verra. « Na ruz na gwenn, breizhad hepken » (« Ni rouge ni blanc, breton seulement », vieux mot d’ordre des droites extrêmes mis à la sauce bretonne). Il apparaît ensuite que ce terroriste, un nommé Montauzier, a été responsable de l’attentat contre le palais de Versailles — des millions de francs de dégâts… Pour démontrer quoi ? Peu importe. Le fait que Montauzier ait poursuivi son militantisme à Adsav n’est jamais mentionné. Ni rouge ni blanc ? Non, d’extrême droite, et pas n’importe quelle extrême droite. Seule leçon du film : le FLB, on a beau dire, « c’est une sacrée histoire ! Parce que ce n’est pas tous les jours qu’on fait péter le château de Versailles. »
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Nulle mise en contexte, nulle possibilité donnée au spectateur de prendre conscience de l’indignation qui était alors celle de l’immense majorité des Bretons, nulle possibilté de comprendre sur quoi reposait la revendication ultime qui unissait vieux nazillons fiers de leur engagement et extrême gauche maoïste.
La seule leçon à tirer est que cette revendication posée implicitement par le film comme juste est présentée comme enfin prise en compte par les socialistes à la suite du discours de Mitterand avec à sa droite Edmond Hervé. Vive donc la gauche socialiste qui a tout compris et qui entend faire entendre les légitimes revendications des Bretons opprimés.
Les silences sont sans doute ce que ce film a de plus insupportable : silence sur l’attentat de Christian Le Bihan contre le palais de Justice de Guingamp. Silence sur le fait que cet attentat qui a coûté la vie à son auteur en 1985 a été l’occasion de cérémonies organisées par l’extrême gauche nationaliste alors que Christian Le Bihan était un militant néonazi (je l’ai rappelé dans Le Monde comme si dès 2002, ce qui n’a pas empêché les hommages de se poursuivre). Bien qu’honoré par Per Denez, éminence grise du mouvement nationaliste breton et responsable du département de Celtique de l’université de Rennes, comme « le Breton le plus méritant des vingt dernières années » avec Kernaleguen, un étudiant qui, lui aussi, s’était fait sauter avec sa bombe en action pour le FLB, Christian Le Bihan n’est pas même mentionné.
Disparus aussi les militants responsables de tant de destructions et qui ont si souvent pris le risque de tuer[1] avant que l’attentat meurtrier de Quévert (sans coupable connu) ne mette fin pour le moment aux actions terroristes : de Pascal Laizé, l’artificier du FLB, de Stéphane Philippe, d’Alain Solé (qui avait pour avocate Isabelle Coutant-Peyre, épouse de Carlos, connue pour ses liens avec les réseaux négationnistes), de Gaël Roblin, Christian Georgeault, sa fille et Arnaud Vannier, qui ont occupé l’actualité pendant des années, pas un mot. C’étaient eux pourtant qui auraient pu justifier cette enquête, eux seuls qui, à la suite de procès fleuve et qui ont coûté cher à la collectivité, auraient pu nous éclairer sur la manière dont ils voyaient à présent le FLB.
Sur la mise en danger d’autrui, sur l’irresponsabilité, sur le mépris des gens de Bretagne totalement étrangers aux revendications de ces terroristes : silence, rideau. Le FLB a fait avancer les choses, a été l’outil nécessaire pour qu’un progrès s’accomplisse, telle est la leçon à retenir.
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Quoique le fait qu’il n’en ait pas mesuré les enjeux ne soit pas à porter à son crédit, sans doute le réalisateur n’a-t-il pas imaginé que ce film pourrait jouer un tel rôle de propagande au moment où les nationalistes évoquent la résurgence d’un nouveau FLB pour appuyer les actions d’un nouveau CELIB.
En revanche, le fait de diffuser ce film en un tel moment est un acte politique — et un acte politique assumé comme tel par le responsable de la chaîne : « Est-ce jouer avec le feu dans le contexte actuel ? Bien au contraire. Ce travail sur le FLB raconte avant tout les enjeux politiques de la régionalisation », écrit Bertrand Rault. « En regardant l’histoire du FLB, on comprend ainsi beaucoup mieux pourquoi les Bretons réclament aujourd’hui un nouveau projet régional ambitieux, en l’exprimant dans un cri de colère désespéré ! ».
Simple rappel à la réalité : jusqu’à nouvel informé, les Bretons n’ont jamais mandaté le FLB pour agir en leur nom et n’ont jamais réclamé de nouveau programme régional.
En élisant des socialistes, ils ont cru pouvoir en finir avec la dérèglementation que le patronat breton appelle de ses vœux avec l’appui des autonomistes. Il est permis de penser qu’ils sont abusés.
Au moment où la violence flambe, diffuser ce film n’est pas jouer avec le feu, c’est verser de l’huile sur ce feu.
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© françoise morvan
[1] « L’accusation relève plusieurs témoignages affirmant que certains attentats ont été commis sous l’emprise de l’alcool et dénonce « la désinvolture manifeste confinant à l’irresponsabilité absolue » de certains des accusés.
L’instruction a aussi mis en évidence les liens entre l’ARB et le mouvement politique indépendantiste Emgann, auxquels appartiennent ou ont appartenu les onze accusés, dont le porte-parole de ce parti, Gaël Roblin. Emgann est considéré comme la « vitrine légale » du groupe armé. » (Agence Reuters, 2 mars 2004).