Bonnets rouges : vers l’éclatement de l’État

En 2013, nous avons été les seuls à mener un travail d’analyse sur la pseudo-révolte des Bonnets rouges en partant du fait qu’il s’agissait d’un mouvement organisé par le lobby patronal breton de l’Institut de Locarn. Nous savons à présent que cette action présentée comme glorieuse par les médias bretons aura coûté plus de onze milliards à l’État (en 2017, un rapport accablant a été rendu par la Cour des comptes à ce propos). 

Nous donnons ici les articles qui auraient dû appeler à vigilance, ce qui n’a pas été le cas, pour des raisons qui devraient appeler à réflexion. 

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On trouvera ici :

— Un entretien de Françoise Morvan au sujet de la « révolte des Bonnets rouges »,

— Un article concernant la rencontre de concertation de Christian Troadec et Jean-Yves Le Drian (« Bonnets rouges et rouges bonnets » ),

— Un article de Libération au sujet de la protestation des milieux du spectacle vivant contre le démantèlement du ministère de la Culture au profit d’une régionalisation obscurantiste,

— Un article de synthèse sur l’éclatement de l’État appelé par les autonomistes et les écologistes, appuyant le patronat ultralibéral. 

— Un article sur la reprise du terrorisme en Bretagne. 

— Un article contre la délégation de la Culture à la Bretagne. 

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BONNETS ROUGES

 

UN ENTRETIEN AVEC FRANÇOISE MORVAN

 

 

1/ Nous avons rappelé récemment à nos lecteurs1 ce qu’avait été, au XVIIe siècle, le mouvement par la suite dit des « bonnets rouges ». Compte tenu de cela, n’est-il pas frauduleux d’assimiler le mouvement actuel à celui qui avait opposé oppresseurs et opprimés il y a quatre siècles ?

— Dans la mesure où, à mon avis, il ne s’agit pas d’abord d’un mouvement mais d’une opération organisée par le patronat ultralibéral breton, il me semble qu’il n’y a pas lieu de juger la chose en termes de moralité ou de légitimité historique mais de stratégie de communication : le bonnet rouge a été exploité de manière particulièrement efficace en raison de son double sens potentiel : pour les uns (les patrons membres du lobby à l’origine de l’opération), symbole identitaire, appel à la révolte contre « Paris »… pour les autres (les travailleurs licenciés, les paysans réduits à la misère, les chômeurs, les jeunes en recherche d’emplois précaires, et, hélas, les syndicalistes et les partis dits de gauche qui se sont laissé abuser), symbole révolutionnaire, appel à la révolte contre l’injustice. D’un côté, appel (ou supposé appel) à la révolte bretonne contre le roi, le papier timbré, l’impôt, autrement dit la centralisation, la réglementation, le code du travail, l’égalité républicaine… De l’autre, appel (ou supposé appel) à la révolte au nom de l’égalité républicaine. Malheureusement, les seconds n’ont pas vu qu’on les fournissait en bonnets pour les enrôler dans une croisade identitaire dont les enjeux leur échappaient.

2/ Comment expliquez-vous ce contresens ou ce tour de passe-passe ?

— Les médias régionaux étant totalement inféodés au lobby patronal qui avait organisé cette « révolte spontanée » et les médias nationaux étant soumis au règne de l’éphémère, du sensationnel et donc de l’absence de travail de terrain, l’impossible est devenu (l’image aidant) la vérité unanimement admise — sauf à protester et tenter d’informer — à savoir que les Bretons depuis le XVIIe siècle réclament le retour à l’autonomie… Dans un premier temps, on a vu à Quimper des Bretons coiffés de bonnets rouges défilant au milieu de forêts de drapeaux noirs et blancs ; dans un deuxième temps, on a vu à Carhaix des Bretons coiffés de bonnets rouges brandissant des drapeaux noirs et blancs qui leur étaient fournis comme les bonnets rouges  et le druide Servat leur a fourni un hymne national, « La blanche hermine ». Bref, l’écotaxe a servi de révélateur : les Bretons ne sont pas Français, ils sont en plein accord avec l’Europe et réclament désormais le statut qu’ont les ethnorégions autonomes, Écosse, Catalogne et autres… Jusqu’à présent, ils n’avaient pas du tout réclamé ça. Ils avaient même réclamé le contraire. Mais l’image fait foi, le bonnet rouge le prouve et ce que montrent désormais les télévisions du monde entier, c’est le Breton défilant le bonnet sur la tête et le drapeau nationaliste en main. Opération réussie au-delà de tout espérance : retournement d’une lutte en son contraire à moindre coût, juste un bonnet d’acrylique made in China or anywhere for Beechfield et importé par Imbretex* (avec drapeaux à suivre)

3/ Vous dites que cette pseudo « révolte spontanée »  a, en fait, été organisée par le « patronat ultralibéral breton », voire par un «  lobby patronal breton » mais que désignez-vous précisément par là ?

— Lorsque les patrons des entreprises membres de Produit en Bretagne ont appelé à « sonner le tocsin » contre l’écotaxe (ça, c’était le 16 octobre), j’ai commencé à me poser des questions. J’avoue que jusqu’alors l’écotaxe m’avait semblé un vestige du Grenelle de l’environnement, piètre héritage d’une ruineuse opération sarkozyste mais voté, accepté par tous, et, finalement, mieux valait ça que rien, même si les portails écotaxe me semblaient en soi une monstruosité supplémentaire… Mais, bon, j’avais l’esprit ailleurs, je n’avais aucune idée des partenariats public-privé (PPP), autre monstruosité… Les patrons de Produit en Bretagne ont donc au jour dit déclenché l’alarme incendie dans leurs entreprises et leurs supermarchés : « Nous faisons retentir nos alarmes, parce qu’il y a le feu en Bretagne ! ». Il y a le feu pourquoi ? Parce que l’écotaxe doit être perçue en Bretagne, région spectaculairement excentrée ?… Par rapport à Bayonne ou Perpignan ? J’ai alors découvert que la lutte contre l’écotaxe était annoncée comme l’opération n° 1 de « l’appel breton du 18 juin » lancé par Glon (président de l’Institut de Locarn) et Bernard (président de Produit en Bretagne) qui avaient ce jour-là fondé le Comité de Convergence des Intérêts bretons (CCIB) dans la droite ligne du CÉLIB. Tout ça ne dit rien à personne mais pour moi, la messe était dite : soit le gouvernement allait opposer la loi au lobby, soit il allait céder. Il a cédé.

4/ Qu’est-ce que l’Institut de Locarn ? Produit en Bretagne ? Le CÉLIB ?

— Le CÉLIB (Comité d’Étude et de Liaison des Intérêts bretons) est un lobby fondé en 1950 par un autonomiste, Joseph Martray, issu de la collaboration mais qui a su comme tant d’autres se faire passer pour résistant ; dans les années 60, c’est lui qui a organisé, entre autres, la « prise de la sous-préfecture de Morlaix », opération contre l’État républicain menée par des agriculteurs qui allaient être à l’origine de la grande dérive productiviste à quoi nous devons l’actuelle dégradation des sols, des eaux et de la vie des hommes… La bataille des bonnets rouges n’en est que la suite, de même que L’institut de Locarn (groupe de pression fondé en 1991) n’est que le prolongement du CÉLIB dont il se réclame, mais sur des bases beaucoup plus dures : il faut faire éclater l’État républicain, non plus se contenter de lui porter des coups et de s’en émanciper dans les limites possibles ; la France est finie, l’Allemagne offre le modèle à suivre, autonomie, droit à l’expérimentation, déréglementation, subsidiarité contre solidarité… Bien que Produit en Bretagne se présente comme une structure associative autonome, l’association est une création de l’Institut de Locarn et s’inscrit dans son projet politique. On a pu le voir lors de l’affaire de l’écotaxe.

5/ Le fondateur de l’Institut de Locarn déclarait en 1993 : « La France n’a plus d’avenir ; l’État-nation doit disparaître ! » (d’après ce que vous écriviez dans votre récente tribune du Monde). Le projet de Locarn serait-il de substituer aux États des communautés ethniques afin des faire éclater les cadres nationaux encore garants d’une certaine égalité ?

— C’est ce que j’expliquais voilà plus de dix ans dans mon essai Le Monde comme si : on ne peut pas dire que ce soit un projet obscur, même s’il est dissimulé. Il avance avec l’appui du Conseil de l’Europe, comme le montre aussi la Charte des langues régionales concoctée par la Fédération peuples et ethnies solidaires (FUEV) présidée par ce même Joseph Martray qui agissait tout à la fois par le CÉLIB (lobby breton) et par la FUEV (lobby européen) de manière à en finir avec la France républicaine aux lois sociales trop contraignantes. L’idéologie de l’institut de Locarn a été exposée par son fondateur, et il n’y a là rien que de clair, de logique et de cohérent : un projet ultralibéral d’extrême droite correspondant tout à fait à l’idéologie de l’Opus Dei (mise en place des élites, guerre économique, dévouement au combat pour une Europe chrétienne).

6/ Quelle est l’attitude politique des dirigeants du Parti socialiste par rapport à ce projet autonomiste  ?

— Le président du conseil régional socialiste Jean-Yves Le Drian, est allé en 2006 à l’Institut de Locarn présenter son projet pour la région : que dire de plus ? Les faits parlent d’eux-mêmes. Il a fait entrer les autonomistes de l’UDB au conseil régional et l’ethnicisation de la Bretagne, avec culte du drapeau, du « Bro goz » (hymne national breton concocté par un druide raciste) et autres horreurs identitaires va croissant chaque jour. La collusion est totale et, ce qui est plus grave, même s’il existe des dissidents, aucun n’ose la dénoncer. Là est pour moi le problème essentiel. Les bonnets rouges se voient. Ils se voient même tellement qu’ils servent surtout à ne pas voir ce qui se cache dans cette opération, à savoir l’instrumentalisation de la colère par ceux qui en sont les premiers responsables en vue de faire advenir un projet que dans leur immense majorité désavoueraient les Bretons s’ils étaient réellement consultés.

 

1 : Lucien Gauthier : « La véritable histoire des bonnets rouges ».  Informations ouvrières n°276 du 7 novembre 2013.

 Entretien publié in Informations ouvrières n° 282, 19 décembre 2013-8 janvier 2014.

* Le lien vers le catalogue Imbretex mène à une liste d’entreprises au nombre desquelles figure (après Armor Lux) Beechfield, le spécialiste de la casquette… Il faut donc d’abord cliquer sur « Beechfield », puis  sur  « casquette » pour découvrir (en vert pomme) le bonnet potentiellement rouge  BF045.

 

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BONNETS ROUGES

ET ROUGES BONNETS

Jean-Yves Le Drian a invité Christian Troadec au ministère de la Défense pour se mettre d’accord avec lui sur le projet d’autonomie de la Bretagne à mettre en place  (ce qui donne en locarnien, dialecte breton surunifié encore dit brittopub, langage habituel de la presse bretonne : « Il a été convenu entre les deux hommes que “l’avenir de la Bretagne se déciderait à travers l’implication de toutes celles et tous ceux qui exigent la relocalisation des décisions en Bretagne” »).

La traduction du locarnien n’allant pas de soi, donnons une interprétation claire de la déclaration de celui que l’on donne pour futur premier ministre : le lobby qui a organisé la pseudo-révolte des bonnets rouges va dorénavant décider de l’avenir de la Bretagne ; les décisions seront délocalisées en Bretagne : l’intérêt breton (ou prétendu tel, à savoir l’intérêt du lobby breton) primant sur l’intérêt général.

Une première prise de conscience du mépris du bien public impliqué par la « relocalisation » (terme en soi intéressant : il ne s’agit nullement de « relocaliser » ce qui, par chance, a jusqu’alors échappé au pouvoir local mais bien de le « localiser » pour le soumettre au règne des petits féodaux — vieux rêve des autonomistes) : la révolte contre le démantèlement du ministère de la Culture.

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LOI

 Le milieu du spectacle vivant dénonce un projet d’article permettant une délégation de compétence

 

LIBÉRATION

RENÉ SOLIS 9 DÉCEMBRE 2013 À 20:26

Début du dernier round, aujourd’hui à l’Assemblée nationale, pour le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles, dont les députés débattront toute la semaine avant adoption définitive (lire page 12). Et branle-bas de combat des organisations du spectacle vivant. En cause, un article permettant une «délégation de compétence» de l’Etat aux collectivités territoriales en matière culturelle. Dans une lettre au président de la République datée du 25 octobre, une quinzaine d’organisations professionnelles estimaient que, si elle devait être inscrite dans la loi, cette délégation conduirait «à la destruction du réseau cohérent des Drac [directions régionales des affaires culturelles]». Et d’ajouter : «Nous n’osons croire que votre gouvernement laisse opérer le démantèlement du ministère de la Culture, ce qui conduirait inéluctablement à sa disparition.» En clair, une bonne part du théâtre public – qui fut pionnier en matière de décentralisation dans les années 60, avec la création des centres dramatiques nationaux – pense que l’Etat est un meilleur garant que la région en matière de liberté de création, d’ouverture internationale, de circulation des œuvres ou d’égal accès pour tous à la culture. Et craint de se retrouver sous la coupe d’une administration régionale elle-même inféodée aux élus locaux. Une inquiétude ravivée ces derniers jours par la révélation que ladite délégation de compétence figurerait aussi dans le Pacte d’avenir pour la Bretagne discuté ces dernières semaines à Matignon.

Vice-président chargé de la culture du conseil régional de Bretagne, Jean-Michel Le Boulanger estime ces doutes largement infondés. «On confond, je crois, transfert et délégation de compétence. Il n’est pas question de transférer mais de déléguer, autour d’objectifs précis et pour une durée déterminée. A l’issue d’une certaine période, trois ans par exemple, le ministère pourrait toujours retirer sa délégation. La vraie question, c’est : comment être plus efficace ?»

«Pas de décentralisation sans l’Etat», estime de son côté Madeleine Louarn, nouvelle présidente du Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles). Qui ajoute que «seul l’Etat a la distance nécessaire. S’il disparaît, c’est un écosystème qui se brise.» Madeleine Louarn, qui a mené toute sa carrière de metteure en scène en Bretagne, dont elle est originaire, dit redouter que l’avancée décentralisatrice ne cache une régression. Dont elle voit les signes dans «le mouvement des bonnets rouges, porteur d’un archaïsme antirépublicain qui fait peur».

René SOLIS

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DÉLÉGATION  ?

 

Pour ceux qui souhaiteraient des précisions sur le discours lénifiant de Jean-Michel Le Boulanger, chargé, en tant que vice-président, de faire passer le projet locarnien de soumission de la culture à la construction d’une identité bretonne exploitable commercialement dans le cadre d’une régionalisation mondialisable, deux liens vers deux de ses  interventions.

D’abord, sa première intervention publique.

Il a choisi — détail qui a son importance — de la faire à l’Institut culturel de Bretagne, haut lieu des dérives nationalistes (voir à ce sujet notre dossier Réécriture de l’histoire en Bretagne). Il se réclame de Bretagne Prospective (think tank à l’origine de la lutte contre l’écotaxe).

Ensuite, son intervention à l’Institut de Locarn.

Cette intervention destinée à présenter la « marque Bretagne »,  est particulièrement intéressante puisque c’est à l’occasion de cette université d’été que le président de l’Institut de Locarn (lobby à l’origine de la lutte contre l’écotaxe) a fait une déclaration fracassante : « Notre problème, c’est la France… » — déclaration que l’on peut considérer comme le premier acte de la lutte ouverte contre les institutions républicaines désormais menée en Bretagne et donnée pour prioritaire.

Il est clair que la prétendue délégation pour trois ans n’est qu’une manœuvre politicienne destinée à faire passer la pilule amère du détournement du bien public au profit d’intérêts locaux.

Il resterait à évaluer objectivement la politique culturelle menée par le conseil régional socialiste pour donner à comprendre quelle culture, sur quelle base identitaire, sera le lot des Bretons gouvernés par ceux qui décideront sous bonnet rouge de l’avenir de la Bretagne.

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ÉCOLOGISTES ET AUTONOMISTES

APPELLENT

À L’ÉCLATEMENT DE L’ÉTAT…

 

Si « l’appel breton du 18 juin » lancé à Pontivy par le lobby ultralibéral breton pour engager la « bataille de l’écotaxe » a pu donner lieu à une supposée « révolte des Bonnets rouges » aboutissant elle-même au scandaleux « Pacte de solidarité pour la Bretagne », c’est que ce « appel breton du 18 juin » lancé à Pontivy a relayé   « l’appel de Pontivy » signé peu avant et rassemblant écologistes, autonomistes et indépendantistes de tous bords. Le but du lobby ultralibéral de l’Institut de Locarn est d’en finir avec l’État français (« notre problème, c’est la France », clamait naguère Alain Glon, son président) ; tel est aussi le but d’Europe-Écologie-Les Verts — un but qui, loin de se dissimuler, s’affiche désormais, comme on peut le constater. C’est sur cette base que peuvent se lire les quatre revendications des autonomistes de l’Appel de Pontivy :

1. Ratifier la Charte des langues régionales (et l’on remarquera que cette exigence est placée en première position, car, amenant à reconnaître des groupes ethniques, elle est destinée à faire levier)

— Ajouter la Loire-Atlantique aux quatre départements bretons pour donner à la Bretagne le poids d’une nation autonome sur le modèle de l’Écosse et de la Catalogne (en vue de préparer son indépendance)

— Doter la Bretagne d’une télévision bilingue (breton-français, le gallo étant omis, et sachant que le breton serait compris par un pourcentage infime de la population)

— La doter d’un parlement, toujours sur le modèle de l’Écosse et de la Catalogne

Le but est donc bien d’en finir avec la France et de faire éclater l’État nation, comme le souhaite le lobby patronal breton qui a su de main de maître « libérer ces énergies » (le Parti breton qui figure au nombre des signataires de l’Appel de Carhaix est  connu pour être l’expression des idées de Locarn).

Les premiers signataires sont Ai’ta ! ; EELV (Europe Écologie les Verts) ; La gauche indépendantiste (Breizhistance – I.S.) ; Kevre Breizh ; MBP (Mouvement Bretagne et Progrès) ; Parti Breton ; UDB (Union Démocratique Bretonne) ; 44 = BZH ; Bretagne Réunie – Breizh Unvan – et En Avant Bretagne

Le groupe autonomiste En Avant Bretagne a été créé en janvier 2011 avec Christian Troadec, maire de Carhaix, à l’origine de la « révolte des Bonnets rouges ».

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…POUR LE PLUS GRAND PROFIT

DES LOBBIES ULTRALIBÉRAUX

 

 

Le 2 janvier 2014, Le Figaro publie une interview de Romano Prodi, de 1994 à 2004 commissaire européen en charge du Marché intérieur, puis de la Concurrence, et, de 2011 à 2013, président du Conseil italien.

Pour clore l’entretien, le journaliste demande :

— Avec Jacques Delors, Daniel Cohn-Bendit et d’autres, vous avez adhéré à la recommandation du groupe Spinelli (1) appelant à inscrire la construction européenne dans une perspective fédéraliste. Comprenez-vous qu’une telle recommandation puisse choquer dans un pays comme la France ? 

Réponse de Romano Prodi :

— Restons pragmatiques. Le fédéralisme est une perspective lointaine, une stratégie à long terme. Sur certains sujets, d’ailleurs, plus on déclare vouloir les États-Unis d’Europe, moins on fait de progrès vers cet objectif, parce qu’on mobilise les résistances. Il est plus utile d’aller de l’avant sans grande programmation. Un grand pas en avant a été fait, par exemple, à la faveur de la crise grecque…

(1) Le groupe Spinelli est un lobby autonomiste (= fédéraliste) œuvrant pour les destruction des États européens et la promotion d’une Europe des régions.

Le Figaro, 2 janvier 2014, p. 18.

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LE CELIB ET LE FLB…

REPRISE DU TERRORISME ?

 

 

 

Comme il fallait s’y attendre, et comme annoncé…

Dès le 16 octobre et l’appel des patrons bretons à sonner le tocsin, les autonomistes d’extrême droite ou d’extrême gauche mobilisaient leurs troupes. L’un des sites annonçant d’ailleurs explicitement « Le retour de la lutte armée en Bretagne » :

« En 69 quand le Plan Routier Breton a été décidé par De Gaulle, la Bretagne avait une arme dans chaque pogne : le CELIB et le FLB. Le CELIB, c’était les notables bretons, le FLB c’était la dynamite. Le CELIB négociait, le FLB plastiquait. Si des péages avaient été installés en Bretagne dans les années 70, ils sautaient illico et le pouvoir le savait. »

Après avoir détruit les radars (qui ont permis de sauver des milliers de vies  en incitant les conducteurs à plus de vigilance), l’ARB nouvelle mouture a posé sa (fausse) première bombe près d’une école dont il a fallu évacuer les enfants.

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NON AU DÉMANTÈLEMENT

DU MINISTÈRE DE LA CULTURE

NON À LA DÉLÉGATION

DE LA CULTURE À LA BRETAGNE

 

 

Le « Pacte d’avenir pour la Bretagne », signé le vendredi 13 décembre 2013 par le premier ministre suite aux manifestations des « bonnets rouges »  comporte un « titre IV » intitulé « affirmer l’identité culturelle de la Bretagne » qui inclut un article visant à régionaliser la culture, avec « délégation de compétences » de l’État au Conseil régional.

Face aux protestations des artistes, et notamment du Syndéac (Syndicat national des Entreprises artistiques et culturelles), le vice-président chargé des affaires culturelles au Conseil régional de Bretagne, Jean-Michel Le Boulanger, a expliqué qu’il ne s’agissait que d’une modeste expérience pour une courte durée : « À l’issue d’une certaine période, trois ans par exemple, le ministère pourrait toujours retirer sa délégation ».

Il faudrait être bien naïf pour se laisser prendre à ce discours lénifiant : au nom de la culture, il s’agit de fabriquer une « identité culturelle » à promouvoir sur fonds publics ; or, la culture ne peut se réduire à l’« identité culturelle ».

La délégation de compétences de l’État à la région Bretagne n’est qu’un premier pas vers le démantèlement du ministère, démantèlement appelé ouvertement par les autonomistes bretons, alsaciens, corses, basques et autres.

Nous tenons à protester contre ce projet mené dans l’ombre et de manière antidémocratique, les électeurs n’ayant pas été consultés à ce sujet.

                                                                                             GROUPE INFORMATION BRETAGNE

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